La chanteuse nubienne installée à Brooklyn irradie sur son titre « حبك وطن / Your Love is Home » (ton amour est une patrie), imaginé comme la bande son du nouveau roman de la poétesse soudano-américaine Safia Elhillo.
La référence de la scène rétropop d’Afrique de l’Est fait son grand retour en solo sur cette ode à la nostalgie de la diaspora soudanaise. Écrite et composée au Caire par elle-même, en résonance avec le nouveau roman de la poétesse soudano-américaine Safia Elhillo, HOME IS NOT A COUNTRY (la patrie n’est pas un pays), la chanson capture pleinement l’atmosphère de la ville où se déroule l’intrigue.
Le personnage principal du roman, Nima, porte en elle une passion très particulière pour les vieux films égyptiens qui la plongent dans un passé qu’elle ne connaît pas entièrement, mais dont elle a reçu quelques bribes d’histoires. Pourtant un désir insondable la pousse à comprendre cette époque.
« J’ai imaginé que cette chanson sortait d’une scène de cabaret dans le vieux Caire, interprétée par une chanteuse nubienne, la seule de sa famille à être née dans une grande ville après la construction du haut barrage d’Assouan. », confie la chanteuse. Pour mieux comprendre le contexte, il faut remonter soixante-et-un ans en arrière, au moment de la construction de ce barrage dont les travaux pharaoniques le long de la vallée du Nil ont provoqué le déplacement de populations — et même de monuments de l’Antiquité de la Nubie égyptienne et soudanaise comme le temple d’Abou Simbel. Les risques d’inondations des terres agricoles provoqués par ce nouveau barrage à l’amont de la vallée du Nil ont inévitablement forcé les populations nubiennes à quitter leur région pour s’installer en ville.
Nima fait partie de ceux que l’on a arraché à leur terre. Elle doit maintenant se battre avec le fantôme d’une vie non choisie. Pour saisir ce sentiment de déracinement, il lui faut remonter le cours de l’Histoire. Elle y découvre alors un dur passé familial lié à l’histoire du pays où elle réside, qui lui donne le sentiment d’être une étrangère au sein de sa propre maison dans le centre désormais très cosmopolite du Caire.
La chanson rétropop d’Alsarah reflète à merveille ce désir inextinguible de comprendre un passé resté trop longtemps silencieux. La chanteuse nubienne offre ainsi à Nima le pouvoir de se lancer plus sereinement dans l’avenir en embrassant l’amour de sa patrie, par-delà les frontières.
Retrouvez son nouveau titre sur Bandcamp et dans notre playlist Worldwide Women sur Spotify et Deezer.